L’impression numérique sur le marché des étiquettes arrive à maturité. Aujourd’hui, de nombreux imprimeurs d’étiquettes utilisent des presses numériques ou numériques hybrides pour ce type d’impression en plus de leur équipement flexo. Le numérique représentait 21,6 % de la valeur des étiquettes produites sur le marché mondial en 2024.
Même si la polyvalence et l’efficacité de la technologie d’impression numérique pour les courts tirages ont été un facteur clé de croissance pour de nombreux imprimeurs, ces derniers sont également nombreux à souligner l’importance de conserver l’accès aux deux technologies : numérique et flexo.
Pour trouver le bon compromis entre les exigences des clients en matière de conception et de finition d’étiquettes et leur charge de travail, leurs capacités et leur productivité, les imprimeurs doivent désormais être en mesure d’évaluer et de répondre à divers scénarios opérationnels. Le choix de la technologie numérique, hybride ou flexo ne dépend plus uniquement de la longueur des tirages.
Mike Barry, Commercial Manager – Digital Printing chez Domino Printing Sciences, explore les considérations à prendre en compte et les défis à relever pour les imprimeurs qui cherchent à maximiser le rendement de leurs actifs d’impression d’étiquettes tout en répondant aux besoins de leurs clients.
Au-delà de la longueur des tirages : une approche pratique
Jusqu’à présent, le choix d’utiliser la flexographie, le numérique ou une technologie d’impression hybride se résumait principalement à l’application et à la longueur des tirages, les longs tirages à faible variation relevant généralement du domaine de la flexographie, et les tirages plus courts et à plus forte variation étant plutôt réservés au numérique.
Cependant, l’idée communément admise selon laquelle il est plus efficace et plus rentable de passer du numérique à l’hybride et de l’hybride à la flexographie une fois que le volume d’impression d’une étiquette atteint un certain niveau (le chiffre varie selon les personnes interrogées) n’est plus forcément vraie. Pour la plupart des imprimeurs, le point de passage d’une technologie à l’autre n’est pas fixe. Au contraire, il évolue continuellement pour refléter l’évolution des exigences des clients et la disponibilité des presses d’un jour à l’autre et d’une tâche à l’autre. En effet, fixer une limite rigide basée sur le seul volume d’impression peut avoir un impact négatif sur l’efficacité opérationnelle globale et l’utilisation des ressources. De plus, si les imprimeurs ne sont pas assez flexibles dans le choix des technologies d’impression (par exemple, en exécutant une tâche sur n’importe quelle presse disponible sur le moment), ils peuvent même être amenés à refuser des projets, au détriment des relations avec les clients et de la réputation de la marque.
Cette recherche d’efficacité opérationnelle est, au moins en partie, à l’origine de l’augmentation des ventes de solutions d’impression hybrides qui, selon les études de marché, devraient enregistrer un CAGR d’environ 12 %, pour dépasser les 16,53 milliards de dollars d’ici 2034. Dans la pratique, de nombreux imprimeurs profitent désormais de la flexibilité de leurs lignes hybrides pour équilibrer leur charge de travail globale, en augmentant ou en réduisant les volumes qu’ils y traitent en fonction des besoins de leur activité.
Équilibrer la disponibilité des presses et la demande
Alors, comment les imprimeurs peuvent-ils parvenir à un équilibre optimal entre flexographie, impression numérique et impression hybride ?
Maximiser le temps de disponibilité des presses reste un point crucial pour les imprimeurs. En effet, tout temps d’arrêt réduit le retour sur investissement. Toutefois, pour une imprimerie exploitant plusieurs technologies, le fait de considérer le temps de fonctionnement de chaque presse individuelle de manière isolée peut faire perdre de vue la situation d’ensemble.
Prenons par exemple le temps d’inactivité du matériel numérique sur une presse hybride pendant la configuration d’une station flexographique. Un court tirage englobant l’impression numérique, les décorations et la finition pourrait être réalisée en un seul passage sur une presse hybride. Mais il pourrait être intéressant d’utiliser une presse numérique pour étiquettes séparée pour certains éléments de cette tâche, et de réaliser certains aspects de la finition hors ligne dans un deuxième temps. Le déploiement d’une telle solution maximisera le rendement de la presse numérique en assurant un fonctionnement quasi continu, par rapport à l’introduction de temps d’arrêt sur le module d’impression numérique d’une ligne hybride en raison de la configuration de la station flexographique.
De même, la possibilité de transférer des tirages plus courts des presses flexo ou hybrides vers des solutions 100 % numériques peut offrir aux imprimeurs une augmentation instantanée de la productivité, libérant la capacité des presses hybrides ou flexo pour des tirages plus longs et plus rentables, avec moins de perte de temps et de consommables lors des opérations de configuration et lors des changements.
Prenons ensuite le cas des tâches englobant plusieurs références. À première vue, on pourrait penser que la technologie numérique est le meilleur moyen de gérer ces variations. Mais si les étiquettes partagent la même matrice et le même vernis et ne présentent que des variations mineures de la maquette ou des éléments de données variables (comme dans le cas des différentes versions linguistiques d’une étiquette standard), la technologie hybride pourrait s’avérer plus efficace. Dans ce scénario, si de grandes parties de l’étiquette sont « standard », un imprimeur utilisant une solution hybride n’aura à configurer qu’une seule fois la partie analogique de la presse, ce temps étant ainsi réparti sur plusieurs tirages, ce qui augmentera la productivité tout en réduisant le coût de la tâche. Les stations flexographiques d’une ligne hybride peuvent également offrir une application plus efficace de couleurs vives et unies, ce qui permet de réduire les coûts par rapport à l’impression numérique seule, tout en améliorant l’aspect.
Au final, c’est à l’imprimeur qu’il appartient de déterminer l’option qui offrira le meilleur retour sur investissement global, en tenant compte de toutes les variations, des autres tâches en cours de traitement et de la disponibilité de la main-d’œuvre pour superviser chaque étape.
Gérer les défis pratiques liés à la transition entre les tâches d’impression
Si la transition entre la technologie numérique, hybride ou flexo pour répondre aux besoins de l’entreprise peut s’avérer judicieuse d’un point de vue opérationnel et commercial dans certains cas, les imprimeurs doivent également tenir compte de leur capacité à gérer correctement cette transition, à la fois sur le moment et sur toute la durée de la tâche confiée par un client donné.
Par exemple, assurer la qualité des images et la cohérence des couleurs de la marque sur les différentes plateformes peut être un défi lorsque les clients demandent un tirage à faible volume pour reconstituer le stock d’une référence existante, car le rendu final n’est généralement pas le même selon qu’on utilise une solution d’impression d’étiquettes flexo ou une solution d’impression d’étiquettes numérique.
Les couleurs d’accompagnement flexo dans une solution d’impression d’étiquettes hybride peuvent sembler un choix évident pour les tâches où le rendu des couleurs est primordial, car les éléments de couleur d’une marque sont rarement (voire jamais) modifiés entre les tirages de variantes de produits. La perte de flexibilité est faible lorsqu’on imprime un ensemble d’étiquettes similaires mais pas identiques sur une presse hybride.
Cependant, même les couleurs d’accompagnement peuvent poser des problèmes de cohérence, car la chaleur et les facteurs mécaniques tels que la pression peuvent entraîner de subtiles variations. Chez certains imprimeurs, 10 à 15 % des tirages sont rejetés en raison d’incohérences entre les couleurs.
Conscients de ce problème, de plus en plus d’imprimeurs se tournent vers la technologie d’impression jet d’encre numérique pour garantir la cohérence des couleurs et la qualité des images, et choisissent une presse numérique pour l’impression d’étiquettes même pour des tâches avec des tirages « flexo », car la cohérence des couleurs et la qualité des images sont globalement meilleures et plus homogènes.
Tant que les concepteurs d’emballages ne pourront pas anticiper la variabilité potentielle liée aux processus d’impression d’étiquettes et aux technologies utilisées afin que les résultats soient homogènes à la fois pour la flexographie et l’impression numérique, il incombera à l’imprimeur de décider si la marque, le coût ou l’optimisation des capacités opérationnelles est le facteur le plus important.
Conclusion
De toute évidence, il n’existe pas d’approche unique, ni de seuil universel de volume de tirage entre les technologies. En effet, les solutions flexo, hybrides et numériques ont toutes un rôle égal à jouer dans l’optimisation de l’efficacité opérationnelle des imprimeurs. Et leur compétitivité à long terme dépendra probablement du choix de la bonne combinaison de presses pour répondre aux exigences actuelles et futures du secteur.
Un partenaire solide, à la pointe de l’innovation dans le domaine de l’impression, sera en mesure d’aider les imprimeurs à déterminer comment répartir les tâches d’impression afin de maximiser le temps de disponibilité et la productivité de leurs opérations. Il pourra les soutenir à long terme grâce à une véritable évaluation de leur charge de travail actuelle et de leurs opportunités futures, afin de déterminer la meilleure solution pour leur entreprise.